Rechercher dans ce blog

vendredi 23 janvier 2009

Deux deniers carolingiens de Sens exceptionnels chez Jean Elsen & ses fils s.a.

Lors de la vente 98 qui prenait fin le 13 décembre 2008, la célèbre maison belge «Jean Elsen & ses fils s.a.» proposait, pour le lot n° 676, un denier de Sens exceptionnel, unique et non répertorié jusqu’alors. Il s’agit d’un denier de Pépin le Bref frappé pour l’église de Sens «Ecclesia Sennensis» (fig. 1).
Fig. 1 (Photo Jean Elsen & ses fils s.a.)

Avers : monogramme RP sous un trait, à droite un globule
Revers : En deux lignes séparées par un trait et un point: ECL·/ SEN.
Poids : 1,04 g
Le diamètre n’est pas précisé mais doit mesurer 17 ou 18 mm.

Cette monnaie est inédite, on ne connaissait jusqu’à présent aucun denier de Pépin le Bref pour Sens.
Néanmoins, au 19ème siècle, Ph. Salmon dans son article «Fragments de numismatique sénonaise» publié dans la Revue Numismatique de 1854, p.186-226, avait attribué à Sens un denier de Pépin le Bref. Celui-ci, découvert en 1850 à Chéroy à coté de Sens mais fortement ébréché, laissait découvrir les lettres suivantes : SE[.]NOIS. Salmon y lu SENOIS et l’attribua à Sens. Pendant longtemps les numismates reprirent cette identification. Un denier plus complet, issu du trésor d’Imphy, permis de restituer ce denier à Soissons. Cette monnaie est conservée aux Musées de Sens (fig. 2). Diamètre : 18 mm, poids : 1,14 g., réf. : Depeyrot 936.

Fig. 2

Grâce à la vente 98 de chez Elsen, le monnayage carolingien de Sens commence bien à Pépin le Bref. Cette monnaie a trouvé preneur à 5000 €.

Lors de cette même vente, le lot 680 présentait également un denier de Charlemagne pour Sens. Cet exemplaire est d’une extrême rareté. Ce doit être le deuxième connu car Depeyrot cite un exemplaire étudié (n°919) qui est sans doute celui de la Bibliothèque Nationale répertorié Prou 40 (1,37 g). Celui mis en vente n’est pas totalement inconnu car son image était visible depuis un certain temps sur le site «Collection Idéale des Monnaies Carolingiennes» et issu de Stephen Koundakjian.
Le denier de la vente 98 (fig. 3) a les caractéristiques suivantes :

Fig. 3 (Photo Jean Elsen & ses fils s.a.)

Avers : [+ CA]RLVS REX FR Monogramme carolin.
Revers : + SENN[ES] Croix sur trois degrés.
Poids : 1,25 g.
Diamètre inconnu probablement 21 mm.

A noter que ce genre de denier avec la légende SENNES fut attribué par Caron, suivant Longpérier à la ville de Sennheim (Cernay) en Alsace, autrefois appelé Sennen. Il s’avère qu’il appartient bien à Sens. Le denier 680 fut vendu pour la somme de 700 €.

Une vente donc tout à fait exceptionnelle pour le monnayage sénonais.

14 commentaires:

  1. Bonjour,

    Pourriez-vous me préciser la référence à "Caron", qui suit Longpérier pour attribuer le denier à la légende SENNES à Sennheim ?

    De plus, quelle référence permet de confirmer l'attribution à Sens, qui vous fait écrire "Il s'avère qu'il appartient bien à Sens" ?

    Merci d'avance

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour,

    Ces monnaies sont elles authentiques ????

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour,

    Je n'avais pas vu ces deux commentaires, veuillez m'excuser de répondre si tardivement.

    Tout d'abord : oui ! c'est monnaies sont authentiques !!


    De Longperrier attribue à Sennheim (Haut-Rhin) dans sa "Notice des monnaies françaises composant la collection Rousseau" en 1848, le denier SENNES car la croix posée sur les trois degrés ressemble aux deniers de Mayence. Caron, dans les "Monnaies féodales françaises" attribue les oboles de Sens à la main également à Sennheim (Cernay) suite à la trouvaille de Sierck. Il rejoint en cela de Longperrier, mais pour des monnaies différentes.
    L'attribution à Sens semble évidente car depuis 1848 on a découvert d'autres deniers avec SENNES. C'est donc un atelier important, de plus la croix sur 3 degrés souligne l'importance ecclésiastique de cet atelier ce qui correspond parfaitement à Sens qui était siège d'archevèché avec rang de primauté, tout comme Mayence. Enfin, déjà Salmon en 1854 dans ses "Fragments de numismatique sénonaise" soulignait que Sens s'écrivait aussi SENIS et comme adjectif SENNENSIS.

    RépondreSupprimer
  4. Excusez ma question sur l'autenticité, mais j'ai eu vent d'une histoire de faussaire de monnaies de Pépin le "Bref".
    Je ne comprend d'ailleur toujours pas comment quelqu'un peut arriver à faire ce type de monnaie.

    RépondreSupprimer
  5. Eric Vandenbossche22 mars 2010 à 19:29

    Il est vrai qu'il existe ou a existé des faussaires particulièrement habiles, tel Farrigault dans les années 1920. Dans le cas de la monnaie ci-dessus, je pense qu'elle est bien d'époque : une maison comme Elsen ne prendrait pas le risque de vendre un faux.

    RépondreSupprimer
  6. Comment être sur de l'autenticité d'une monnaie de cette époque qui se trouve de plus être inédite ?

    RépondreSupprimer
  7. Eric Vandenbossche23 mars 2010 à 23:12

    Excellente question !
    Généralement un faussaire tente soit d'imiter une monnaie déjà existante et de grande valeur, soit pour les plus malins de créer des pièces partiellement inconnues par exemple l'obole lorsque l'on connait le denier d'une monnaie prestigieuse ou l'inverse. L'examen précis des types, légendes, poids, métal, aspect, tranches, forme permet de déterminer l'authenticité. Enfin, pour être sur qu'une monnaie soit authentique reste l'analyse metallographique qui permet de mettre en évidence des éléments anormaux.

    RépondreSupprimer
  8. Merci de votre réponse.

    Néanmoins celà n'est pas à la portée du premier venu. L'analyse metallographique ne peut être elle pas trompée avec la fabrication de monnaies à l'aide d'autres monnaie d'époque fondues ?

    RépondreSupprimer
  9. Eric Vandenbossche25 mars 2010 à 11:27

    Je pense que l'analyse métallographique arrive en fin d'examen pour lever un doute ou confirmer un soupçon. Je ne connais pas suffisament les procédés d'analyse mais je pense que s'il y a eu refonte d'une monnaie d'époque cela doit se découvrir. Néanmoins, ces procédés ne sont pas accessibles au commun des mortels mais réservés au chercheurs.
    Reste le bon sens et la pratique, il faut se "faire l'oeil" comme on dit. Plus on examine d'exemplaires plus on a de chance de repérer un faux.

    RépondreSupprimer
  10. bjr vous avez vu que la maison elsen remet en vente la piece de pepin ?

    l'acheteur aurait il pris peur ?

    RépondreSupprimer
  11. Eric Vandenbossche21 mai 2010 à 21:04

    Oui j'ai vu que le denier de Pépin le Bref avait été remis en vente chez Elsen.
    Je ne sais si l'acheteur a pris peur ou s'il espère plutôt faire une belle plus-value ( acheté 5000 €, peut-être revendu 6000 €)...

    RépondreSupprimer
  12. Bonjour
    Ca ne colle pas dans le sens ou elsen prend 20% sur la vente aux deposants , moi je dis c'est louche et ca n'inspire pas confiance la remise en vente est beaucoup trop rapide ...
    en plus cette piece a un aspect rugueux( souflettes) des plus bizarre
    merci d'avoir repondu ;-)

    RépondreSupprimer
  13. Eric Vandenbossche22 mai 2010 à 10:51

    ça peut être aussi un moyen de faire grimper les prix. Une autre maison numismatique aurait "acheté" la monnaie et la repropose afin de faire monter le cote artificiellement. C'est une pratique assez courante... mais il ne faut pas le dire ;-))
    Et, il faudrait avoir la monnaie en main pour pouvoir se faire une opinion plus juste de son authenticité. Et encore...

    RépondreSupprimer
  14. philippe Schiesser11 décembre 2011 à 15:23

    Je me permets de vous signaler la publication d’un deuxième type de denier de Pépin le bref pour Sens.

    SCHIESSER (Philippe) – Deux nouveaux types de deniers de Pépin le Bref (751-768) pour Sens, Bulletin de la Société Française de Numismatique, n° 8, octobre 2010, p232-234.



    Cordialement, Philippe Schiesser

    RépondreSupprimer