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vendredi 4 décembre 2009

Variétés de deniers au temple de Charles le Chauve pour Sens

J’ai répertorié une bonne demi-douzaine de variétés de denier au temple de Charles le Chauve pour la ville de Sens tant au niveau des légendes qu’à l’aspect du temple.
En prenant pour type principal celui décrit par Depeyrot[1] (D928), nous avons[2] :
Avers : + CARLVS REX FR, croix cantonnée de 4 globules
Revers : + SENONES CIVITAS, temple sur deux échelons, 4 colonnes 2 par 2 avec croisette centrale, fronton double
Diamètre : 20,5 mm ; Poids : 1,65 g

Avec la même légende, nous avons un denier dont le fronton du temple est simple[3] :
Avers : + CARLVS REX FR, croix cantonnée de 4 globules
Revers : + SENONES CIVITAS, temple sur deux échelons, 4 colonnes 2 par 2 avec croisette centrale, fronton simple
Diamètre : 20 mm ; Poids : 1,47 g

Les différences suivantes concernent la fin de la légende de l’avers. Il existe une variété dont la légende se termine par FP[4] :
Avers : + CARLVS REX FP, croix cantonnée de 4 globules
Revers : + SENONES CIVITAS, temple sur deux échelons, 4 colonnes 2 par 2 avec croisette centrale, fronton double
Diamètre : 21 mm ; Poids : 1,64 g

Une autre variété, apparemment assez commune, qui finit par FR+[5] :
Avers : + CARLVS REX FR+, croix cantonnée de 4 globules
Revers : + SENONES CIVITAS, temple sur deux échelons, 4 colonnes 2 par 2 avec croisette centrale, fronton double
Diamètre : 20 mm ; Poids : 1,47 g

Il existe également un denier dont la terminaison se lit FIR[6] :
Avers : + CARLVS REX FIR, croix cantonnée de 4 globules
Revers : + SENONES CIVITAS, temple sur deux échelons, 4 colonnes 2 par 2 avec croisette centrale, fronton double
Diamètre : 20 mm ; Poids : 1,66 g

Enfin, une autre qui se termine par FRI, avec au revers un fronton simple[7] :
Avers : + CARLVS REX FRI, croix cantonnée de 4 globules
Revers : + SENONES CIVITAS, temple sur deux échelons, 4 colonnes 2 par 2 avec croisette centrale, fronton simple
Diamètre : 21 mm ; Poids : 1,61 g

Il ne faut pas oublier la variété du Cabinet des Médailles (Prou573) avec la légende CAROLVS en place de CARLVS :

Avers : + CAROLVS REX FR, croix cantonnée de 4 globules
Revers : + SENONES CIVITAS, temple sur deux échelons, 4 colonnes 2 par 2 avec croisette centrale, fronton double
Poids : 1,64 g

Et enfin, l'exemplaire de la Monnaie de Paris (MDP75) où le O de SENONES est pointé :
Avers : + CARLVS REX FR, croix cantonnée de 4 globules
Revers : + SENONES CIVITAS, temple sur deux échelons, 4 colonnes 2 par 2 avec croisette centrale, fronton double ; O pointé
Diamètre : 21 mm ; Poids : 1,62 g
Nous avons donc huit variétés pour un même type de denier, la production dans l’atelier monétaire de Sens à l’époque de Charles le Chauve, avant 864 (édit de Pîtres) devait être assez importante.

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[1] G.DEPEYROT, Le Numéraire carolingien : corpus des monnaies, Paris, 1998, p.253
[2] Exemplaire de la collection EV ; il existe un exemplaire au Musée Saint-Germain d’Auxerre (20mm, 1,60g), un aux Musées de Sens (20mm, 1,46g), celui de la vente Monnaie d’Antan VSO6-1579 (23mm, 1,62g)
[3] Collection EV
[4] Idem
[5] Collection EV. ; de ce type il y a les deux exemplaires du Trésor de Luzancy n°174 et 175 ainsi que celui du site : http://home.eckerd.edu/~oberhot/d928bg.jpg
[6] Collection EV.
[7] Idem

dimanche 22 novembre 2009

Une variété inédite d’un denier auxerrois très rare

Je vous présente une variété inédite d’un denier d’Auxerre déjà très rare, il s’agit du denier à la légende + ALTISIODORENS décrite par Caron sous le numéro 577 (planche 23/19)[1]. Cette monnaie a été découverte pour la première fois en 1880[2] dans la trouvaille d’Accolay[3] qui en comptait six. Voici celle décrite par Caron faisant partie de sa collection :

Avers : + ALTISIODORENS
Description de l’avers : Croix auxerroise
Revers : anépigraphe
Description du revers : Croix auxerroise, à deux des extrémités de cette croix un globule ; aux deux autres, trois points formant triangle.
Diamètre : 19 mm ; Poids : 0,85 g

Parmi les monnaies retrouvée celle-ci fut conservée par Caron, une seconde fut achetée par Gariel et est désormais au Musée Abbaye Saint-Germain d’Auxerre (Manifacier n°56[4]). Elle est en superbe état, mesure 20 mm de diamètre et pèse 0,90 g.

Celle que je présente diffère des deux précédentes, non par la légende qui est identique mais, par les attributs du revers. En effet, il manque au bout d’une des branches de la croix les trois points en triangle. Il s’agit donc d’une variété tout à fait inédite et jamais décrite.

Avers : + ALTISIODORENS
Description de l’avers : Croix auxerroise
Revers : anépigraphe
Description du revers : Croix auxerroise, à deux des extrémités de cette croix un globule ; à une autre, trois points formant triangle.
Diamètre : 20 mm ; Poids : 0,93 g

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[1] E.CARON, Monnaies féodales française, Paris, 1882, p.337
[2] E.CARON, « Monnaies féodales », Annuaire de la Société Française de Numismatique et d’Archéologie, 3e trimestre, Paris, 1882, p.185.
[3] J.DUPLESSY, Les Trésors monétaires médiévaux et modernes découverts en France, tomme I (751-1223), Paris, 1985.
[4] V. MANIFACIER, Catalogue des monnaies, méreaux, jetons et médailles de la collection Gariel au musée de la ville d’Auxerre, Auxerre, 1908, p.93

lundi 2 novembre 2009

Jetons en plomb imitant un denier de Louis le Pieux pour Sens

Issu de deux collections particulières ces jetons en plomb imitent les deniers de Sens de Louis le Pieux (814-840). Voici leurs descriptions :

A/ : [+ HLV]DOVVICVS IM[P], Croix pattée dans un grènetis
R/ : SENO/NES., légende en deux lignes dans un grènetis

Ce premier jeton à un diamètre de 24,2 mm pour un poids de 4,19 g, soit beaucoup plus que le denier originel qui pèse en moyenne 1,80 g et mesure 21 mm.

Le second est plus proche de la réalité car il fait 21 mm de diamètre et pèse 2,35 g. Les légendes sont identiques :

A/ : + HLVDOVVICVS IMP, Croix pattée dans un grènetis
R/ : SENO/NES., légende en deux lignes dans un grènetis

A titre de comparaison voici un véritable denier de Louis le Pieux pour Sens :
A/ : + HLVDOVVICVS IMP, Croix pattée dans un grènetis
R/ : SENO/NES◄, légende en deux lignes dans un grènetis

Les imitations ne sont sûrement pas d’époque, elles n’auraient pu leurrer quiconque. Ce sont des imitations modernes, mais pourquoi ont-elles été fabriquées et par qui ?
Est-ce, comme le veux la légende, des fausses monnaies destinées à dissuader des prospecteurs sur des sites sensibles ? Ce n’est pas crédible.
Peut-être est-ce des imitations créées lors d’une fête médiévale ou par un centre commercial lors d’une opération promotionnelle à l’instar des jetons de Provins au nom de Thibaut ?

Si quelques lecteurs ont des informations merci de les faire partager en mettant un commentaire ou en m’envoyant un mail.

mercredi 14 octobre 2009

Deniers mérovingiens inédits de Sens

Plusieurs petits deniers mérovingiens sont apparus sur les forums et magazine de détection ces dernières années. Parmi ceux-ci, certains possèdent les mêmes caractéristiques à savoir un buste à l’avers et au revers une forme qui avait été définie auparavant comme un calice avec un couvercle. Au revers la légende SENONI permet d’attribuer ces deniers à Sens
Voici un de ces deniers découvert en Seine-et-Marne, issu d’une collection privée.
Avers : + [OR]O G?ONIOMON
Revers : SE[N] /ONI
Poids : 1,28 g ; diamètre : 13,5 mm

Cependant, pour en savoir plus, je renvois les personnes intéressées à l’excellent article : de Jean-François Létho-Duclos et Philippe Schiesser, Un denier de Sens à la cathèdre découvert à Jaulnes (Seine-et-Marne), Cahiers Numismatiques n°181, septembre 2009. S’adresser à la SENA : http://www.sena.fr/FR/index.html

lundi 5 octobre 2009

Une obole inédite de Tonnerre de Jean II de Chalon (1304-1361)

Un collectionneur m’a fait parvenir les images d’une monnaie de billon. Celle-ci est caractéristique de Tonnerre avec ces croix enhendées au droit comme au revers. Avec une étoile dans le deuxième canton, elle correspond à la monnaie référencée dans le Poey d’Avant[1] sous le numéro PA 5867, attribuée à Jean II de Chalon, comte de Tonnerre (1304-1361). Mais, lorsque l’on regarde le poids et le diamètre on s’aperçoit que cette monnaie n’est pas le denier de Jean II mais l’obole correspondante.

Avers : +IOhAnES COMES
Description de l’avers : Croix enhendée, cantonnée d’une étoile au 2e canton
Revers : + mOn TORnODORI
Description du revers : Croix enhendée
Poids : 0,55 g ; Diamètre : 12,5-14 mm

Le denier est bien connu, cinq exemplaires sont répertoriés : un exemplaire est au Cabinet des Médailles sous le n°1026 (1,21 g, 18 mm), un autre à la Monnaie de Paris[2] sous le n°414 (1,35 g, 19 mm) – même si l’étoile au 2e canton a été lu comme un lis ( ?) – un troisième est détenu au Musée Archéologique de Dijon, collection Ernest Bertrand[3], décrit comme un denier d’Auxerre (sic) n°1034 (0,85 g, 16,8 mm), un quatrième au Musée Saint-Germain d’Auxerre[4] n°35 (1 g, 19 mm), enfin celui inscrit dans le Poey d’Avant n°5867, collection Tarin (0,90 g) [fig.2].
[fig.2]
Cependant l’obole ci-dessus n’avait, à ma connaissance, pas été retrouvée jusqu’à présent.
Monsieur Richard Prot m'a fait la communication verbale suivante que dans la catalogue de la collection Gariel par Henri Hoffman en 1885 au n°107 il est noté : "Un denier et deux oboles à la légende + MON TORNODORI dont la croix est cantonnée d'une étoile". D'après cette indication, l'obole ci-dessus serait donc déjà connue. Cependant, ces trois monnaies de la collection Gariel sont désormais au musée d'Auxerre et après consultation du médaillier il s'avère que ces pièces sont toutes cantonnées d'un trèfle et non d'une étoile. L'obole est donc tout à fait unique.
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[1] F.Poey d’Avant, Monnaies féodales de France, tome III, Paris, 1858, p.227
[2] J.Belaubre, Les Collections monétaires, Monnaies médiévales, Paris, 1987, p.119
[3] J.Meissonnier (dir.), Monnaies & jetons, collection Ernest Bernard, Musée Archéologique de Dijon, 2009, p.316
[4] V. Manifacier, « Catalogue des monnaies, méreaux, jetons et médailles de la collection Gariel au musée de la ville d’Auxerre », Auxerre, 1908, p.91

samedi 26 septembre 2009

Un exceptionnel denier de Sens au nom de Charles le Chauve

Un collectionneur privé a bien voulu me faire parvenir les images d’un exceptionnel denier de Sens au nom de Charles le Chauve. Ce denier est malheureusement endommagé mais il n’en reste pas moins d’une extrême rareté. Ce denier est rare car il n’était recensé officiellement à ce jour qu’à un seul exemplaire celui du Cabinet des Médaille (Prou 569) d’un poids de 1,36g. Ce qui fait sa rareté, c’est la présence des lettres FR en fin de légende de l’avers, les autres deniers de ce type n’ont pour légende que + CARLVS REX.
Avers : + CARLV[S REX F]R
Description de l’avers : Croix pattée dans le champ, légende entre deux grenetis
Revers : SENONES
Description du revers : légende en deux lignes, le O est pointé, au centre un point, grenetis au pourtour.
Références : Depeyrot 925[1] ; Morisson-Grunthal[2] 1416 ; Prou[3] 569

Nous avons donc là le second exemplaire de ce type monétaire antérieur à l’édit de Pîtres qui peut être daté des années 840-864.

Si quelque lecteur de ce blog ont dans leur collection un exemplaire identique, je leur serai reconnaissant de bien vouloir m’en envoyer la photo.

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[1] G.Depeyrot, Le Numéraire carolingien, corpus des monnaies, Paris, 1998, p.253
[2] K.F.Morisson et H.Grunthal, Carolingian coinage, New York, 1967
[3] M.Prou, Catalogue des monnaies françaises de la Bibliothèque Nationale, les monnaies carolingiennes, Paris, 1896

lundi 7 septembre 2009

Une variété inédite d’un denier de Provins-Sens de type PA 5968

J’ai acquis récemment un denier de Provins-Sens qui présente une particularité : deux T à la légende CATO. En voici la description :
Avers : + RIL’DVIMIS CATTO
(Croisette évidée au départ de la légende rétrograde)
Description de l’avers : Croisette évidée entre deux annelets sur un peigne à 10 dents.
Revers : + SEEI :OEMS CIVI
Description du revers : Croix pattée cantonnée au 1 de l’oméga, au 2 de l’alpha et au 3 et 4 d’un besant.
Diamètre : 21 mm ; Poids : 1,23 g

Le deuxième T ressemble davantage à une ancre ou à un oméga.

Christophe Adam spécialiste des monnaies champenoises féodales avait attiré mon attention sur un denier du Cabinet des Médailles qui présente les mêmes caractéristiques, le numéro 904. Ce denier présente la même légende d’avers mais le peigne à 12 dents ; au revers la légende identique est rétrograde et la croix est cantonnée d’un oméga en 1, l’alpha est en 3 et les besants en 2 et 4, (diamètre 21 mm et poids 1,21 g). Ces deux monnaies ont donc été frappées avec des coins différents.

On peut en conclure que ce T supplémentaire n’est peut être pas une erreur du graveur, mais est-ce un signe distinctif, un différent ? Rien ne permet de le dire.

Enfin, il est curieux que ce denier n’ai jamais été répertorié dans aucun ouvrage de référence.

jeudi 23 juillet 2009

Un denier d’Auxerre du XIIe siècle peu courant

Je viens d’acquérir un denier d’Auxerre qui n’est pas très courant. Il n’est pas répertorié dans le Poey d’Avant[1], ni dans le Caron[2]. Et, il apparaît comme inédit dans le Boudeau[3] sous la référence 1738. Voici cette monnaie :
Avers : +ALTISIODOR
Description de l’avers : Croix auxerroise fichée qui coupe la légende
Revers : anépigraphe
Description du revers : Croix auxerroise dans un grenetis, un annelet entre deux grenetis en bout de chacune des branches de la croix
Poids : 1,07 g ; Diamètre : 19 mm ; Axe des coins : 2 h

Une monnaie identique appartient au Musée Saint-Germain d’Auxerre (photo non disponible), mais d’un poids inférieur (0,78 g) et d’un diamètre de 18,5 mm, référencé sous le n°58 page 93 du catalogue de la collection Gariel de Victor Manifacier[4].

Ces monnaies sont originales car elles possèdent la croix de l’avers du Poey d’avant PA5891 (Pl. 136, 8) et le revers presque identique au PA5896 (Pl. 136,12) où trois besants accompagnent les annelets.

Peut-on en déduire que ce denier de billon s’intercale chronologiquement entre les deux monnaies ci-dessus ? C’est en effet une hypothèse tentante.

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[1] F.Poey d’Avant, Monnaies féodales de France, tome III, Paris, 1858, p.233
[2] E.Caron, Monnaies féodales française, Paris, 1882, p.337
[3] E. Boudeau, Catalogue général illustré et prix marqués de monnaies françaises (provinciale),Paris, p.221
[4] V. Manifacier, « Catalogue des monnaies, méreaux, jetons et médailles de la collection Gariel au musée de la ville d’Auxerre », Auxerre, 1908, p.93

mercredi 10 juin 2009

Trouvaille de deniers inédits du Xe siècle de Château-Landon et Sens

Dernièrement, dans les environs de Nemours fut découvert un ensemble de trois monnaies médiévales : deux deniers de Château-Landon et un denier de Sens. La personne qui les a trouvé a bien voulu que je les étudie pour publication. Ces monnaies avaient été présentées sur le forum Numismaticom, le 4 mars 2009. Revenons-y en détail avec une attention particulière.

Château-Landon (fig.1)Avers : + CRATIA D-V PEX
Description de l’avers : Monogramme de Raoul imité de celui d’Eudes, formé d’un P et d’un F opposés, cantonné de deux croisettes évidées, d’un I à gauche du P et d’une croisette à droite du F. La légende commence à 9 h.
Revers : X AVNDNIS CASTRV
Description du revers : Croix pattée dans un grenetis. Légende à 11 h.
Diamètre : 19 mm
Poids : 1.07 g, argent
Réf. : PA59-60 (pl. II, 8-9) ; Depeyrot 307 ; Gariel LIII 8-9 var. ; Morisson-Grunthal 1601-1604 var.

Ce denier de Château-Landon correspond aux pièces acquises par le Cabinet des Médailles de Bruxelles et décrites par Françoise Dumas dans le Trésor de Fécamp[1], p.190, auxquelles peut être associée la monnaie n°6833 de ce trésor : Avers : +[G]RATIA P-V PEX et revers : + AVNDNIS CASTRVTA. Le monogramme est quant à lui identique. Et si l’on en croit de P. Crinon[2], ce monogramme apparut du vivant de Raoul (923-936) a été repris postérieurement dans les régions dépendant directement de l’autorité d’Hugues le Grand († 956). A noter que le poids est particulièrement faible (1,07 g) par rapport aux autres deniers du même type (1,22 g – 1,26 g – 1,255 g).

Château-Landon (fig.2) Avers : + CRATIA D-V REX
Description de l’avers : Monogramme de Raoul dégénéré, imité de celui d’Eudes, une fasce cantonnée de deux croisettes évidées de chaque coté et d’une croisette à droite. Légende à 9 h.
Revers : + L’ANDNIS CASTRVT
Description du revers : Croix pattée dans un grenetis. Légende à 11 h.
Diamètre : 21 mm
Poids : 1.10 g, argent
Réf. : Prou 538 var. (monogramme confus) ; PA59-60 (pl. II, 8-9) ; Depeyrot 307 ; Gariel LIII 8-9 var. ; Morisson-Grunthal 1601-1604 var.

Ce second exemplaire (fig.2) présente des légendes voisines mais le monogramme de Raoul est déjà fortement dégénéré. La haste n’est plus accompagnée du P et du F opposé, le I a lui aussi disparu. Seul reste de chaque côté de la haste les croisettes évidées ainsi que la petite croisette dessous à droite. La frappe est un peu molle aussi les légendes sont-elles plus difficiles à déchiffrer. Le monogramme correspond davantage aux deniers de Philippe Ier (1060-1108) : PA61 (pl. II, 10)[3]. Les légendes sont néanmoins représentatives du Xe siècle. Le poids est relativement faible. Cette monnaie semble inédite.

Sens (fig.3) Avers : + IENOINSCIVI (légende rétrograde)
Description de l’avers : Croix pattée dans un grenetis
Revers : Anépigraphe
Description du revers : Croix pattée dans un grenetis, une croisette évidée entre deux grenetis
Diamètre : 22 mm
Poids : 1.17 g, argent
Réf. : ?

Ce grand denier (22 mm) avec ses croix centrales épaisses et sa légende rétrograde, ne correspond à aucune référence connue pour Sens. Il est totalement inédit. On peut cependant le rapprocher des grands deniers aux deux croisettes au revers (PA 5911 pl.CXXVII, 3)[4] [fig.4]. La légende quant à elle rappelle certaines légendes de deniers de Provins-Sens (PA5959 pl.CXXXVIII, 13)[5] [fig.5], de même la croisette évidée au revers que l’on retrouve également sur ces deniers ainsi que sur un denier de Renard Ier (948-999) [6], comte de Sens [fig.6].

fig.4
fig.5
fig.6

Peut-on déterminer une datation pour l’ensemble de cette trouvaille ?

La similitude du premier denier de Château-Landon (fig.1) avec celui du trésor de Fécamp laisse penser que cette monnaie date d’avant 980, terminus post quem de ce trésor. Cependant, Françoise Dumas pense que ce type est de peu postérieur au règne de Raoul (†936)[7]. Pierre Crinon[8] le situe sous l’autorité d’Hugues le Grand, donc avant 956 date de sa mort. De plus, les croisettes évidées et la croix épaisse du denier de Sens se rapprochent beaucoup du denier de Renard Ier, qui accède au titre comtal de Sens en 948.

En conclusion, et sans vouloir donner une datation trop précise – la trouvaille n’ayant que trois monnaies dont deux inédites – nous pouvons estimer que les deniers de la trouvaille de Nemours datent du troisième tiers du Xe siècle.

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[1] F. Dumas-Dubourg, Le Trésor de Fécamp et le monnayage en Francie occidentale pendant la seconde moitié du Xe siècle , Paris, 1971, p.190 et pl.XIV.
[2] P. Crinon, Un denier inédit de Châteaudun du Xe siècle. Les déformations du monogramme de Raoul (RFS et OFS), BSFN n°4, 48e année, avril 1993, p.539-543.
[3] F.Poey d’Avant, Monnaies féodales de France, tome I, Paris, 1858, p.10
[4] F.Poey d’Avant, op. cit., tome III, Paris, 1858, p.239
[5] F.Poey d’Avant, op. cit., tome III, Paris, 1858, p.248
[6] Vente Inumis n°1, lot n°1393 de 25 mars 2006, (1,43 g., 22 mm)
[7 ]F. Dumas, « Les monnaies du roi Raoul, roi de France », Mélanges offerts à J. Lafaurie, Paris, 1980, p.215-222
[8] P. Crinon, op. cit., p.539

mercredi 3 juin 2009

Une monnaie d’Auxerre exceptionnelle en vente aux enchères

La collection Bernard Chwartz, mise en vente aux enchères publiques par la maison ALDE le jeudi 18 juin 2009, et décrite par l’expert Pierre Crinon, comprend au numéro 6 un solidus au nom de l’empereur Anastase (491-518), attribuable à Auxerre (Altaziodero).


Avers : DN ANASTA-SIVS - PPAVG
Description de l’avers : Buste casqué et cuirassé de face, tenant une lance transversale sur l’épaule et un bouclier.
Revers : VICToRI-A AVGGGΔ / AL // CONOB
Description du revers : Victoire debout à gauche, tenant une longue croix, CONOB à l’exergue et lettres A et L dans le champ.
Diamètre : 21 mm ; poids : 4,30 g ; Axe : 6 h ; métal : or

Cette monnaie exceptionnelle de l’époque de Clovis (481-511) est datée par Jean Lafaurie[1] des années 507-508. Seuls deux autres solidus de mêmes coins sont connus : l’un conservé au Cabinet des Médailles de la BnF (Belfort n°5050), l’autre au Musée de Berlin (Kluge n°131).

Je vous invite à découvrir ce solidus ainsi que toutes les autres monnaies de cette incroyable vente en vous rendant sur l’un des deux sites : http://www.alde.fr/ ou http://www.ogn-numismatique.com/
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[1] J.Lafaurie, « Monnaies frappées en Gaule à l’époque de Clovis », Clovis histoire et mémoire, Actes du colloque international d’histoire de Reims les 19-25 septembre 1996 sous la direction de Michel Rouche, Paris, 1997, T.I, p.769-802

vendredi 22 mai 2009

Un nouveau denier mérovingien de Sens attribué à l’église de Poitiers

Lors de la dernière vente sur offre n°38 chez CGB du 30 avril 2009, était proposé, sous le numéro 1680, un denier d’argent aux entrelacs classé à l’église de Poitiers (fig.1). Voici sa description:

Fig.1
Avers : Légende indéterminée.
Description avers : Tête stylisée et radiée à droite, un fleuron en forme de bras relevé devant le visage.
Revers : Anépigraphe.
Description revers : Entrelacs ornés d’un globule à 6 heures.
Diamètre : 12mm
Axe des coins : 12h.
Poids : 1,27g.
N° dans les ouvrages de référence : B.5734-5735 - P.2236-2237 - MEC.1/- - Laf/L.- - Bais.205

Ce n’est pas une surprise car la plupart des monnaies aux entrelacs, issues des trouvailles de Plassac, Saint-Pierre-des-Etieux, ou Bais, ont toutes été attribuées par Prou ou J. Lafaurie soit aux ateliers indéterminés, soit à la région de Poitiers. Il était donc logique que l’équipe de CGB classe ce denier à Poitiers, bien que ce classement leur paraisse subjectif (ce type de denier pour la trouvaille de Nice-Cimiez a même été attribué à Marseille).Mais dernièrement, Pierre Crinon dans son article : « Nouvelle datation du trésor de Bais, à propos des deniers épiscopaux de Sens » dans le Bulletin de la Société Française de Numismatique, n°6, juin 2008, attribue de nombreux deniers mérovingiens, notamment du trésor de Bais, à Sens. Dans cet article il propose également une nouvelle datation du monnayage de Sens et démontre que les monnaies dites aux entrelacs devraient être attribuées à l’église de cette ville. Elles sembleraient même dater de l’épiscopat d’Ebbon, évêque de Sens (vers 709/711-740). Je ne referai pas ici sa démonstration, je vous renvoie à l’article en question.

En comparant le denier de la VSO38 ci-dessus (fig.1) avec l’image de la monnaie n°205 du trésor de Bais (fig.2), on voit immédiatement les similitudes.
Fig.2

Le denier n°205 de Bais diffère cependant du n°1680 de la VSO 38 par la présence d’une croisette au droit devant le visage en place d'une palme et d’une croisette au revers au-dessus des entrelacs absente sur l’autre monnaie . Il semble néanmoins que le doute ne soit pas permis et que l’on doive également attribuer le denier n°1680 de la VSO «MONNAIES 38» à l’église de Sens, en tant que variété du denier 205 de la trouvaille de Bais.

vendredi 8 mai 2009

Une obole inédite d’Auxerre

Il a été récemment vendu sur un site d’enchère en ligne bien connu sur Internet une obole d’Auxerre dont certaines caractéristiques ont retenu mon attention. Voici sa description (fig.1) :
Fig.1

Avers : +AVTISIODERCI, Croix pattée dans un grenetis
Revers : anépigraphe, croix pattée dans un triple grenetis
Diamètre : 14-15 mm, poids : inconnu
Cette obole manque aux ouvrages de référence de Poey d’Avant[1], de Caron[2] et de Boudeau[3]. Cependant, elle n’est pas sans rappeler un exemplaire décrit dans le Poey d’Avant sous la référence PA5885 (Pl.CXXXVI,6), cette obole est actuellement détenue aux Musées de Sens. En voici la description (fig.2) :
Fig.2

Avers : +AVTISIODERC, croix pattée dans un grenetis
Revers : anépigraphe croisette en place de légende, croix pattée dans un triple grenetis
Diamètre : 15-16 mm, poids : 0,62 g

On le voit ces deux exemplaires sont très proches, néanmoins on remarque plusieurs différences :
- l’absence de croisette au revers de l’obole fig.1
- la légende incomplète de l’obole PA5885 (fig.2) : +AVTISIODERC en place de +AVTISIODERCI
- La forme de croix, plus fine sur la première obole. Ce qui m’incite à la croire plus ancienne.

A partir de ces éléments on peut en déduire que l’obole (fig.1) passée en vente sur Internet est entièrement inédite.
Il faut cependant attirer l’attention sur la similitude qui existe entre cette obole et un denier de Sens passé en vente dernièrement également sur Internet. En voici sa description (fig.3) :
Fig.3

Avers : +SENONES CIVI, croix pattée dans un grenetis
Revers : anépigraphe, croix pattée dans un triple grenetis
Diamètre : 20 mm, poids : 1,20 g

A part la légende qui désigne bien la ville de Sens au lieu de celle d’Auxerre, les autres éléments (croix, grenetis) sont parfaitement identiques.

Pour quelles raisons les villes de Sens et d’Auxerre auraient frappées des monnaies si semblables et à quelle époque ?

Cette similitude se rencontre déjà avec les deniers frappés sous Richard le Justicier (voir l’article de P. Crinon et R. Prot[4]). Vers 890 le duc de Bourgogne s’empare des villes de Sens et d’Auxerre. A partir de cette date, apparaissent les deniers anépigraphes bien connu PA5880 (pl. CXXXVI,1) et PA5907 (pl. CXXXVII,10). Ce type de deniers perdurera pour Auxerre jusqu’au XIIe siècle et pour Sens vers le milieu du Xe siècle.

Cependant, à la fin de l’année 936 les cités d’Auxerre et de Sens se retrouvent sous l’autorité d’Hugues le Grand, duc des Francs, suite à la guerre menée contre Hugues le Noir, duc de Bourgogne et fils de Richard le Justicier, qui en avait la possession auparavant[5]. Cette scission dura à peine une vingtaine d’année et on peut imaginer que le duc des Francs ait voulu marquer cet état de fait en faisant frapper des monnaies légèrement différentes de celles en circulation. On sait que Renard Ier accède au titre comtal de Sens en 948[6] et l’on connaît des monnaies à son nom (PA5906). Il est donc possible que nos monnaies ci-dessus aient été frappées sur ordre d’Hugues le Grand dans une période comprise entre 936 et 948.

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[1] F.Poey d’Avant, Monnaies féodales de France, Paris, 1862
[2] E.Caron, Monnaies féodales françaises, Paris, 1882
[3] E.Boudeau, Catalogue général illustré et à prix marqués de monnaies françaises provinciales, Paris
[4] P.Crinon et R.Prot, « Deniers inédits de Sens et de Tonnerre et essai de chronologie du monnayage anépigraphe à Sens, Tonnerre et Auxerre durant les deux premiers tiers du Xe siècle », dans Bulletin de la société française de numismatique, 48e année, n°2, février 1993, p.483-489
[5] Y.Sassier, « Les pays de l’Yonne autour de 987 », dans Bulletin de la société des sciences historiques et naturelles del’Yonne, année 1987, 119e volume, Auxerre, 1988, p.13
[6] E.Meunier, « Le sénonais au temps du changement dynastique », dans Bulletin de la société des sciences historiques et naturelles del’Yonne, année 1987, 119e volume, Auxerre, 1988, p.20-21

jeudi 23 avril 2009

Un denier inédit de Provins-Sens

Louis Félix Bourquelot dans son ouvrage : L’histoire de Provins[1], indique que l’apparition sur les monnaies de l’alpha et l’oméga, que l’on trouve sur les deniers au peigne champenois, daterai de 1015 initié par le roi Robert Ier puis par son fils le roi Henri Ier. Il s’appuie en cela sur l’ouvrage de Joachim Lelewel[2]. Bien sur, il y a là une flagrante erreur car ces attributs n’apparaissent sous forme suspendu que sur les monnaies d’Henri Ier donc à partir de 1031. Néanmoins, à partir de cette assertion je décidai de vérifier dans ma collection si j’avais un denier qui ne posséderai pas l’alpha et l’oméga dans ses cantonnements. Et là, surprise ! Sans l’avoir remarqué auparavant, je possède un denier de Provins-Sens de type au « peigne champenois », mais qui a la caractéristique d’être vierge de tous cantonnements au revers, contrairement aux autres deniers de ce type qui possèdent tous l’alpha et l’oméga en plus de besants dans les différents cantons (voir dessous).

Fig.1 : denier au peigne sans cantonnements

+ PRDVIHIS CATO,
O+O, croisette évidée, peigne à gauche 8 dents
+ SEEI:OEM CIVI, Croix pattée
Diamètre : 20,5 mm ; poids : 1, 38 g

Autre particularité, la croix pattée du revers est décalée, la légende commence alors à 11 h. On peut remarquer aussi que le O de OEM est pointé.

Peut-on déterminer une datation pour cette monnaie ?

Dans un article précédent, j’avais présenté une obole de Provins-Sens au monogramme odonique qui était à l’origine du monnayage commun de ces deux villes. On pouvait la dater des années 977-978, à l’instar des deniers identiques du trésor de Fécamp[3].

Fig.2 : obole au monogramme (coll. M VDB)

+ DRIINIS CATO, monogramme de type odonien déformé
+ SENOII[..]C[…], croix pattée dans un grenetis
Diamètre : 15 mm ; poids : 0,46 g

Le monogramme, quant à lui, a évolué durant une période d’une vingtaine d’année probablement jusqu’en 996. La croisette évidée avec la petite croix au dessus s’est modifiée en O+O, pour donner :

Fig.3 : denier au monogramme

+ IS'IVNIS CATO, O+O, monogrammes d’Eudes
+ SENONS CIVI, Croix pattée
Diamètre : 21 mm ; poids : 1,35 g

Puis, le coté gauche du monogramme s’est transformé en peigne. On remarque toutefois que pour le revers des monnaies au monogramme la croix n’est jamais cantonnée.
Mais, la totalité des deniers au peigne connus ont la croix du revers cantonnée de besants et de l’alpha et l’oméga.

Fig.4 : denier au peigne avec cantonnements
+ RILDVMIS CATO,
O+O, croisette évidée, peigne à droite 12 dents, légende rétrograde
+ SEEI:OEMS CIVI,
Croix pattée cantonnée d’un oméga dans le 1er, alpha en 3 et besant en 2 et 4
Diamètre : 20 mm ; poids : 1,11 g

Notre denier à la croix simple semble donc être intermédiaire entre les deniers au monogramme et ceux au peigne avec cantonnements. Mais, même s’il est inédit en tant que denier, il existe une obole présentant les mêmes caractéristiques : l’obole de Provins-Sens du trésor du Puy[4].
Sa croix n’est pas cantonnée. Seule différence : les légendes sont rétrogrades. Le trésor du Puy est, quant à lui, daté des années 998 à 1031.

Enfin, en comparant les poids de ces divers deniers on s’aperçoit qu’en moyenne les deniers du trésor de Fécamp font 1,39 g, ceux au monogramme 1,34 g, le denier au peigne sans cantonnements 1,38 g (il n’y a qu’un exemplaire), les deniers de Sens au peigne 1,27 g, et les deniers au peigne avec cantonnements 1,11 g. On perçoit grâce à la baisse continue des poids une chronologie de ce type de monnayage.

Fig.5 : denier de Sens au peigne (coll. Musées de Sens)
+ CRACIA D-I TI, O+O, peigne provinois
+ SENONS CIVI, Croix pattée
Diamètre : 21 mm ; poids : 1,40 g

Je proposerai donc l’hypothèse d’une datation à la toute fin du Xe siècle pour notre denier. Si l’on considère que les deniers au peigne apparaissent après la mort d’Eudes Ier de Blois en 996 comme je l’avais proposé dans un précédent article. Si l’on considère aussi qu’à Sens, l’on frappe des deniers au peigne avec la légende CRATIA D-I TI, sans doute après la mort de Rainard Ier en 999, donc sous Fromond II. Ce qui correspondrait à la date de divergence du monnayage commun des deux villes.

On peut en conclure que notre denier ainsi que l’obole du trésor du Puy ont été frappés entre 996 et 999. La faible fréquence de découverte de ce type pourrait être un argument supplémentaire pour une frappe relativement peu étendue dans le temps.
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[1] L.F.Bourquelot, Histoire de Provins, Provins, 1839, p.441
[2] J.Lelewel, Numismatique du Moyen-âge considéré sous le rapport du type, Bruxelles, 1835, p.158
[3] F. Dumas-Dubourg, Le Trésor de Fécamp et le monnayage en Francie occidentale pendant la seconde moitié du Xe siècle, Paris, 1971, p.163-164 et pl.XI.
[4] J. Lafaurie, « Le trésor monétaire du Puy (Haute-Loire). Contribution à l’étude de la monnaie de la fin du Xe siècle », Revue Numismatique, 1952, p.59-169, pl. III-IV

mardi 7 avril 2009

Panorama des monnayages avallonnais (suite)

Dans le précédent article concernant ce monnayage, je signalais que je n’avais pas d’images des billets de confiance d’Avallon pendant la Révolution française. C’est chose faite désormais, vous découvrirez ci-dessous ces différents billets de 1, 5, 10 et 20 sols. Sur les photos ceux-ci sont en noir et blanc mais dans la réalité les 1 sol sont jaunes, les 5 sols bleus, les 10 sols rouges et les 20 sols blancs.[1] Les dimensions sont les suivantes :
1 sol : 4,3 cm de haut par 3,8 cm de large (soit pour 4 billets : 8,6 cm par 7,6 cm)
5, 10 et 20 sols : 5 cm de haut par 7 cm de large








Tous ces billets ont été imprimé en 1792.
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[1] H. Monceaux, « Les Caisses patriotiques et billets de confiance dans l’Yonne », Annuaire historique du département de l’Yonne, Auxerre, 1893, pl. I et II

samedi 21 mars 2009

Panorama des monnayages avallonnais

La ville d’Avallon dans l’Yonne (89) a, pendant plusieurs périodes de notre histoire, frappé des monnaies à son nom.

La première monnaie connue est un tiers de sou d’or mérovingien. Un exemplaire de cette monnaie est conservé au Musée Saint-Germain d’Auxerre. Elle est au nom du monétaire BIVIFUS, et a un diamètre de 13 mm et un poids de 1,31g.
Avers : ABALLONE FIT
Description de l’avers : Buste diadémé à gauche.
Revers : BIVIFVS MONITA
Description du revers : Croix potencée et chrismée à droite sur un globe entouré de perles

A l’époque carolingienne, on retrouve des monnaies au nom d’Avallon. Ce sont toutes des monnaies au type dites de l’édit de Pitres, datées entre 875 et 900[1]. Morrison et Grunthal[2] recensent quatre variétés de légende.
Après avoir étudié sept exemplaires, j’ai trouvé 4 légendes différentes pour l’avers et 5 pour le revers. Ce qui représente sept variétés de denier.

Le denier n°604 du Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale[3] possède les légendes suivantes :
Avers : + GRATIA D-I REX
Description de l’avers : Monogramme de Karolus (la légende à 6 h)
Revers : + CASTIS AVALONIS
Description du revers : croix, le 2e S est rétrograde
Diamètre : ?, Poids : 1,74 g

Ce denier est pratiquement identique à celui n°7 du catalogue du trésor de Gravigny-Balizy (Essonne) de la collection Henri Garnier, seule la première lettre de l’avers diffère. Nous avons là un C en place d’un G. J’en profite pour remercier monsieur Claude Daillan, propriétaire de cette collection, pour ses photos.
Avers : + CRATIA D-I REX
Description de l’avers : Monogramme de Karolus [légende à 10 h]
Revers : + CASTIS AVALONIS
Description du revers : Croix, 2e S rétrograde
Diamètre : 20 mm, poids : 1,40 g

Autre légende, celle du denier n°605 du Cabinet des Médailles (pas de photo):
Avers : + CRATIA D-I REX
Description de l’avers : Monogramme de Karolus (R réduit à P) [légende à ?]
Revers : + CASTIS AVVIONS
Description du revers : Croix, tous les S sont rétrogrades le N aussi
Diamètre : ?, Poids : 1,65 g.

Celui-ci est également pratiquement identique au n°6 de la collection Henri Garnier. Le D de D-I sur cette monnaie est remplacé par un R, ce qui donne :
Avers : + CRATIA R-I REX
Description de l’avers : Monogramme de Karolus [légende à 9 h]
Revers : + CASTIS AVVIONS
Description du revers : Croix, tous les S rétrogrades ainsi que le N
Diamètre : 20 mm, Poids : 1,60 g.

Avec la légende de l’avers ci-dessus, nous avons le denier n°933 de la vente sur offre n°23 de CGB, le revers est quant à lui tout à fait différent.
Avers : + CRATIA R-I REX
Description de l’avers : Monogramme de Karolus [légende à 9 h]
Revers : + CVSTIS AVAIONS
Description du revers : Croix, le 2e S rétrograde
Diamètre : 20,5 mm, poids : 1,68 g.

Toujours avec le même avers, le musée Saint-Germain d’Auxerre possède le denier suivant :
Avers : + CRATIA D-I REX
Description de l’avers : Monogramme de Karolus [légende à 5 h], le R de REX a son jambage relevé et peut se lire P’ à l’instar du R de la légende du n°604 du Cabinet des Médailles (voir photo plus haut) [légende à 6 h]
Revers : + CASTIS AVLONIS
Description du revers : Croix
Diamètre 20 mm, Poids : 1,77 g.

La variété suivante est le n° 606 du Cabinet des Médailles. Avers et revers diffèrent des types ci-dessus, on a :
Avers : + CRATIA D-I RENX
Description de l’avers : Monogramme de Karolus [légende à 9 h]
Revers : + CASTIS AVALONS
Description du revers : Croix fichée, légende complètement rétrograde
Diamètre : ?, poids : 1,62 g.

Georges Depeyrot[4] recense 18 exemplaires, il serait intéressant de connaître les légendes des autres exemplaires notamment les trois conservés à Berlin (nous n’avons que les poids : 1,62 g, 1,52 g, et 1,51 g), le numéro 605a du Cabinet des Médailles et ceux des cinq trésors répertoriés par Jean Duplessy[5]. Peut-être découvrirait-on de nouvelles variétés ?

Le monnayage d’Avallon cesse pendant près de 900 ans pour réapparaître lors de la Révolution française, probablement en 1792. La municipalité édite alors des billets de confiance de 1, 5, 10 et 20 sous. Je ne possède malheureusement pas de photos pour illustrer mes propos.

On connaît enfin un jeton ou une monnaie de nécessité, sans doute du début du 20e siècle. Cette monnaie est visible sur l’excellent site : Jetons-monnaie.net. En voici une reproduction :
Avers : 1
Description de l’avers : le chiffre 1 dans un cercle perlé
Revers : ECOLE St.JOSEPH AVALLON
Description du revers : Une étoile à cinq branche entourée de la légende elle-même cerclée de perle
Diamètre : 22,5 mm, en laiton

On ignore la valeur de cette monnaie : 1 centime ou 1 franc ?

Si jamais j’avais oublié des éléments de ce monnayage avallonnais ou si quelqu’un possède des images de monnaies ou billets d’Avallon, merci de me prévenir.
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[1] G. DEPEYROT, Le Numéraire carolingien, corpus des monnaies, 2e édition, Paris, 1998, (collection Moneta 9), p.124
[2] K.F. MORRISON et H. GRUNTHAL, Carolingian coinage, New York, 1967
[3] M. PROU, Les Monnaies carolingiennes, Catalogue des Monnaies Françaises de la Bibliothèque Nationale, Paris, 1896
[4] G. DEPEYROT, op. cit.
[5] J. DUPLESSY, Les Trésors monétaires médiévaux et modernes découverts en France, tome I, Paris, 1985

samedi 14 mars 2009

Deux nouveaux deniers inédits de Sens

Décidemment ces derniers temps de nouvelles monnaies de Sens totalement inédites ont fait leur apparition. Ce mois-ci ce ne sont pas moins de deux monnaies féodales inconnues sans aucun référencement qui sont apparues sur Internet.

La première a été vendue, sur un site d’enchère bien connu, sous le n°370166256158 en date du 6 mars 2009. Il s’agit d’un denier de 20 mm pour un poids de 1,20 g. Il a la caractéristique d’avoir au revers un triple grenetis entourant une croix pattée. Sa description est la suivante :

Avers : + SENONES CIVI
Description de l’avers : Croix pattée grenetis autour, grenetis entourant la légende
Revers : anépigraphe
Description du revers : Croix pattée entourée d’un triple grenetis.

Pour le style, ce denier est à rapprocher de l’obole d’Auxerre au triple grenetis référencée sous le numéro 5885 (pl. CXXXVI, 6) de Poey d’Avant, la croisette du revers en moins. Cette dernière est d’ailleurs mal décrite car elle a bien un triple grenetis et non un double comme indiqué dans sa description. Elle est visible au Musées de Sens.

La deuxième monnaie est apparue pour identification sur le forum Numismaticom le 5 mars dernier. Ce denier de Sens mesure 22 mm, mais on ne connaît pas son poids. Cette monnaie à la légende rétrograde à l’avers possède une croisette évidée au revers.

Avers : + IENOINS CIVI (légende rétrograde)
Description de l’avers : Croix pattée dans un grenetis et légende rétrograde entourée d’un grenetis
Revers : Anépigraphe
Description du revers : Croix pattée dans un grenetis, croisette évidée en place d’une légende entourée d’un grenetis.

Vu le diamètre important et le style de ce denier, peut-être a-t-on le chaînon manquant entre les deniers au peigne à la légende +CRACIA DI TI et les deniers au revers aux deux croisettes. C’est une possibilité qui permettrait de l’intégrer dans le monnayage sénonais.

vendredi 20 février 2009

Une obole inédite de Provins-Sens

L’obole (fig.1) que je vous présente aujourd’hui est extrêmement rare puisque unique : c’est une obole de Provins-Sens parvenue à ma connaissance grâce à l’amabilité d’un collectionneur privé que je remercie. Cette obole ne pèse que 0,46 g. et mesure 15 mm. Elle n'est citée dans aucun des ouvrages de référence et n’est présente ni à la Bibliothèque Nationale, ni aux Musées de Sens, ni au Musée d'Auxerre[1]. Son état de conservation rend difficile la lecture des légendes, cependant nous pouvons les décrypter de la manière suivante :

+ DRIINIS CATO, monogramme de type odonien déformé
+ SENOII[..]C[…], croix pattée dans un grenetis
Fig.1

Cette obole est identique aux deniers de Provins-Sens du trésor de Fécamp[2]. Notamment en ce qui concerne le monogramme (fig. 2) qui lui est parfaitement conservé.
Fig.2

Françoise Dumas-Dubourg le décrit ainsi : monogramme odonien déformé ; DE le long d’une haste verticale, E à gauche, X surmonté d’une croisette à droite, dans un grenetis. L’auteur date ce trésor des années 980-985, ramené à 975-980 par Jean Duplessy[3]. Nous touchons là à l’origine de ce monnayage.

Quels faits historiques ont pu contribuer à sa naissance ?
Vers 975, le comte de Blois Thibaud le Tricheur meurt. Du chef de son épouse Liégeard il était entré en possession, entre autre, du comté de Provins[4]. Dès lors, son fils Eudes de Blois en hérite ou au plus tard à la mort de sa mère en 978[5]. En 977, Rainard comte de Sens bloque l’élection à l’archevêché de son neveu Seguin[6], et lui interdit l’entrée dans la ville. Seguin excommunie le comte et interdit la province depuis le premier octobre 977 jusqu’au mercredi des cendres 978. Le comte Rainard se soumet enfin[7] et Seguin peut entrer dans Sens. En raison des ces probables origines orléanaises, Seguin serait un fidèle de Hugues Capet. Sa venue à Sens peut s’analyser comme un accroissement de l’influence robertienne[8]. Or, le duc des Francs a favorisé l’alliance avec la maison d’Anjou au détriment de la maison de Blois faisant passer celle-ci dans le camp de la royauté carolingienne.[9] Nous savons également que Rainard et Eudes étaient cousins (le père de Rainard, Fromond avait épousé une sœur de Herbert de Vermandois, grand-père d’Eudes[10]).
Il est donc fort probable que Rainard, comte de Sens, et Eudes de Blois, comte de Provins, aient fait alliance contre l’archevêque de Sens Seguin et donc contre l’autorité d’Hugues Capet. Cette alliance a du se matérialiser dans la création d’une monnaie commune aux deux villes : Sens et Provins. Rainard apportait son droit de battre monnaie (on connaît un denier[11] et une obole[12] à son nom sur lesquels il y a des croisettes évidés que l’on retrouve sur les premières monnaies communes de Provins-Sens) et Eudes une ville hors de portée de l’archevêque. Cette monnaie prendrait naissance dès les années 977-978, ce qui serait conforme à la datation du trésor de Fécamp.
Voyons maintenant quelle fut la durée d’un tel monnayage ?
Les nombreuses variétés laissent présager une assez longue période de frappe. Nous savons également qu’aux environs de l’an mil se fixe le type caractéristique dit au « peigne »[13], la trouvaille du Puy contenait une obole de ce type[14]. C’est aussi vers cette époque que sur les monnaies de Provins-Sens apparaissent les légendes dégénérées où l’on ne reconnaît plus le nom de Sens (SEEI :OMIS CIVI en place de SENONES CIVI).
En 996, Eudes de Blois décède toujours en rébellion contre les capétiens. Sa veuve Berthe épouse peu de temps après Robert Ier roi de France et lui demande sa protection pour que l’héritage passe sans encombre à ses fils[15]. Juste après la mort d’Eudes, on trouve l’archevêque Seguin à Provins présidant la cérémonie de la découverte des reliques de Saint-Ayoul en présence d’Etienne Ier de Vermandois, comte de Troyes[16]. Il est envisageable que c’est à cette époque que le monnayage commun diverge. Provins garde le droit de battre monnaie, celle-ci étant déjà bien reconnue grâce aux foires de Champagne nouvellement créées. Et Sens, utilise pour un temps le peigne provinois à l’avers avec la légende GRACIA DI TI et au revers la croix avec la légende sénonaise SENONS CIVI.

Pour conclure, nous pouvons donc dire que la naissance du monnayage commun à Sens et Provins date des années 977-978, et se termine aux alentours de l’année 996.
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[1] Victor Manifacier, « Catalogue des monnaies, méreaux, jetons et médailles de la collection Gariel au musée de la ville d’Auxerre », Auxerre, 1908.
[2] Françoise Dumas-Dubourg, « Le Trésor de Fécamp et le monnayage en Francie occidentale pendant la seconde moitié du Xe siècle », Paris, 1971, p.163-164 et pl.XI.
[3] Jean Duplessy, « Les Trésors monétaires médiévaux et modernes découverts en France, I, 751-1223 », Paris, 1985, p.62
[4] Yves Sassier, « Thibaud le Tricheur et Hugues le Grand » in « Structures du pouvoir, royauté et Res Publica (France, IXe-XIIe siècle) », Rouen, 2004, p.55
[5] H. D’Arbois de Jubainville, « Histoire des ducs et comtes de Champagne depuis le Vie siècle jusqu’à la fin du XIe », Paris, 1859, p.158
[6] Etienne Meunier, « Le sénonais au temps du changement dynastique » in Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l’Yonne, Auxerre, 1987, 119e volume, p.22
[7] « Chronique de Clarius » in Abbé Duru, « Bibliothèque historique de l’Yonne », tome II, Auxerre, 1863, p.490
[8] E. Meunier, op. cit., p.22
[9] Y. Sassier, op. cit., p.60
[10] E. Meunier, op. cit., p.20
[11] Vente Inumis n°1, lot n°1393 de 25 mars 2006, (1,43 g., 22 mm)
[12] Exemplaire des Musées de Sens, (0,65 g, 15 mm)
[13] F. Dumas-Dubourg, op. cit., p.164
[14] Jean Lafaurie, « Le trésor monétaire du Puy (Haute-Loire). Contribution à l’étude de la monnaie de la fin du Xe siècle », Revue Numismatique, 1952, p.59-169, pl. III-IV
[15] Laurent Theis, « L’Avènement d’Hugues Capet », Paris, p.176
[16] H. D’Arbois de Jubainville, op. cit., p.181