Rechercher dans ce blog

jeudi 23 avril 2009

Un denier inédit de Provins-Sens

Louis Félix Bourquelot dans son ouvrage : L’histoire de Provins[1], indique que l’apparition sur les monnaies de l’alpha et l’oméga, que l’on trouve sur les deniers au peigne champenois, daterai de 1015 initié par le roi Robert Ier puis par son fils le roi Henri Ier. Il s’appuie en cela sur l’ouvrage de Joachim Lelewel[2]. Bien sur, il y a là une flagrante erreur car ces attributs n’apparaissent sous forme suspendu que sur les monnaies d’Henri Ier donc à partir de 1031. Néanmoins, à partir de cette assertion je décidai de vérifier dans ma collection si j’avais un denier qui ne posséderai pas l’alpha et l’oméga dans ses cantonnements. Et là, surprise ! Sans l’avoir remarqué auparavant, je possède un denier de Provins-Sens de type au « peigne champenois », mais qui a la caractéristique d’être vierge de tous cantonnements au revers, contrairement aux autres deniers de ce type qui possèdent tous l’alpha et l’oméga en plus de besants dans les différents cantons (voir dessous).

Fig.1 : denier au peigne sans cantonnements

+ PRDVIHIS CATO,
O+O, croisette évidée, peigne à gauche 8 dents
+ SEEI:OEM CIVI, Croix pattée
Diamètre : 20,5 mm ; poids : 1, 38 g

Autre particularité, la croix pattée du revers est décalée, la légende commence alors à 11 h. On peut remarquer aussi que le O de OEM est pointé.

Peut-on déterminer une datation pour cette monnaie ?

Dans un article précédent, j’avais présenté une obole de Provins-Sens au monogramme odonique qui était à l’origine du monnayage commun de ces deux villes. On pouvait la dater des années 977-978, à l’instar des deniers identiques du trésor de Fécamp[3].

Fig.2 : obole au monogramme (coll. M VDB)

+ DRIINIS CATO, monogramme de type odonien déformé
+ SENOII[..]C[…], croix pattée dans un grenetis
Diamètre : 15 mm ; poids : 0,46 g

Le monogramme, quant à lui, a évolué durant une période d’une vingtaine d’année probablement jusqu’en 996. La croisette évidée avec la petite croix au dessus s’est modifiée en O+O, pour donner :

Fig.3 : denier au monogramme

+ IS'IVNIS CATO, O+O, monogrammes d’Eudes
+ SENONS CIVI, Croix pattée
Diamètre : 21 mm ; poids : 1,35 g

Puis, le coté gauche du monogramme s’est transformé en peigne. On remarque toutefois que pour le revers des monnaies au monogramme la croix n’est jamais cantonnée.
Mais, la totalité des deniers au peigne connus ont la croix du revers cantonnée de besants et de l’alpha et l’oméga.

Fig.4 : denier au peigne avec cantonnements
+ RILDVMIS CATO,
O+O, croisette évidée, peigne à droite 12 dents, légende rétrograde
+ SEEI:OEMS CIVI,
Croix pattée cantonnée d’un oméga dans le 1er, alpha en 3 et besant en 2 et 4
Diamètre : 20 mm ; poids : 1,11 g

Notre denier à la croix simple semble donc être intermédiaire entre les deniers au monogramme et ceux au peigne avec cantonnements. Mais, même s’il est inédit en tant que denier, il existe une obole présentant les mêmes caractéristiques : l’obole de Provins-Sens du trésor du Puy[4].
Sa croix n’est pas cantonnée. Seule différence : les légendes sont rétrogrades. Le trésor du Puy est, quant à lui, daté des années 998 à 1031.

Enfin, en comparant les poids de ces divers deniers on s’aperçoit qu’en moyenne les deniers du trésor de Fécamp font 1,39 g, ceux au monogramme 1,34 g, le denier au peigne sans cantonnements 1,38 g (il n’y a qu’un exemplaire), les deniers de Sens au peigne 1,27 g, et les deniers au peigne avec cantonnements 1,11 g. On perçoit grâce à la baisse continue des poids une chronologie de ce type de monnayage.

Fig.5 : denier de Sens au peigne (coll. Musées de Sens)
+ CRACIA D-I TI, O+O, peigne provinois
+ SENONS CIVI, Croix pattée
Diamètre : 21 mm ; poids : 1,40 g

Je proposerai donc l’hypothèse d’une datation à la toute fin du Xe siècle pour notre denier. Si l’on considère que les deniers au peigne apparaissent après la mort d’Eudes Ier de Blois en 996 comme je l’avais proposé dans un précédent article. Si l’on considère aussi qu’à Sens, l’on frappe des deniers au peigne avec la légende CRATIA D-I TI, sans doute après la mort de Rainard Ier en 999, donc sous Fromond II. Ce qui correspondrait à la date de divergence du monnayage commun des deux villes.

On peut en conclure que notre denier ainsi que l’obole du trésor du Puy ont été frappés entre 996 et 999. La faible fréquence de découverte de ce type pourrait être un argument supplémentaire pour une frappe relativement peu étendue dans le temps.
----------------------------------------------------------------------------------
[1] L.F.Bourquelot, Histoire de Provins, Provins, 1839, p.441
[2] J.Lelewel, Numismatique du Moyen-âge considéré sous le rapport du type, Bruxelles, 1835, p.158
[3] F. Dumas-Dubourg, Le Trésor de Fécamp et le monnayage en Francie occidentale pendant la seconde moitié du Xe siècle, Paris, 1971, p.163-164 et pl.XI.
[4] J. Lafaurie, « Le trésor monétaire du Puy (Haute-Loire). Contribution à l’étude de la monnaie de la fin du Xe siècle », Revue Numismatique, 1952, p.59-169, pl. III-IV

mardi 7 avril 2009

Panorama des monnayages avallonnais (suite)

Dans le précédent article concernant ce monnayage, je signalais que je n’avais pas d’images des billets de confiance d’Avallon pendant la Révolution française. C’est chose faite désormais, vous découvrirez ci-dessous ces différents billets de 1, 5, 10 et 20 sols. Sur les photos ceux-ci sont en noir et blanc mais dans la réalité les 1 sol sont jaunes, les 5 sols bleus, les 10 sols rouges et les 20 sols blancs.[1] Les dimensions sont les suivantes :
1 sol : 4,3 cm de haut par 3,8 cm de large (soit pour 4 billets : 8,6 cm par 7,6 cm)
5, 10 et 20 sols : 5 cm de haut par 7 cm de large








Tous ces billets ont été imprimé en 1792.
----------------------------------------------------------------------------------
[1] H. Monceaux, « Les Caisses patriotiques et billets de confiance dans l’Yonne », Annuaire historique du département de l’Yonne, Auxerre, 1893, pl. I et II