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mercredi 31 mars 2010

Un denier au peigne de Sens du 1er type

Deux deniers de Sens au peigne champenois avec une légende particulière sont passés récemment en vente sur un célèbre site d'enchère. Ces deux monnaies sont des variétés de la référence Poey d'Avant n°5921[1], et sont issus du même coin avers comme revers.
Avers : + SENONS CIVI :, croix pattée
Revers : + CRACIA DEI TAS, peigne champenois à 12 dents à gauche surmonté d'une croisette entre deux annelets
Diamètre : 22 mm ; Poids : 1,40 g
Collection privée

Le second est strictement identique, mais ne pèse que 1,33 g.

Contrairement aux autres deniers connus de ce type, la légende du revers se termine par "TAS" au lieu de "TIS" ou "TI" comme décrit dans le Poey d'Avant n° 5919 à 5922 (pl. CXXXVII, n°6 à 9).
Par exemple le PA 5919 :

Avers : + SENONS CIV, croix pattée
Revers : + CRACIA DEI TI, peigne champenois à 9 dents surmonté à droite d'une croisette entre deux annelets
Diamètre : 22 mm ; Poids : 1,41 g
Collection privée

Si ce type à la terminaison "TAS" n'est répertoriée ni dans le Poey d'Avant, ni dans le Caron, ce dernier auteur l'avait tout de même décrit dans le « Bulletin de numismatique » de novembre 1891[2], à l'occasion de la trouvaille de Sceaux en Gâtinais.
Dans cet article, Caron avance l'hypothèse que les lettres "TAS" du revers ne sont que le complément des lettres "CIVI" de l'avers, formant ainsi le mot "CIVITAS". Il pense que ces trois lettres se sont ensuite altérées en "TIS" ou "TI" (voire "SI" sur le denier n°896 du Cabinet des Médailles) qui n'ont plus aucun sens. Pour appuyer ses dires, il se réfère au denier de Troyes et Meaux aux légendes : TRICCAS ME et DIS CIVITAO, formant MEDIS CIVITAO.

Il s'agirait donc là pour ces deniers de Sens des plus anciens deniers à ce type, donc d'un 1er type.

Dans un précédent article, j'avais fait remonter l'origine de ces monnaies, issues du monnayage commun entre Sens et Provins, soit à partir de la mort d'Eudes Ier de Blois en 996, soit de celle de Renard Ier de Sens en 999. La trouvaille de Sceaux vient appuyer cette théorie par la présence d'un denier de Robert Ier, roi de France, qui permet de donner la date d'enfouissement la plus reculée à l'année 996. Des deniers d'Hugo pour Orléans donne comme terminus la date de 1025.
On peut alors sans doute en déduire l'attribution de ce monnayage au comte de Sens Fromond II (999-1012). D'autant que l'altération des légendes conduit à penser à une période de monnayage assez longue.
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[1] F. POEY D’AVANT, Monnaies féodales de France, volume 3, Paris, 1862, p. 240
[2] E.CARON, « La Trouvaille de Sceaux (Loiret) », Bulletin de numismatique, Paris, 1891, pp. 93-97

mardi 2 mars 2010

Variétés de deniers anonymes auxerrois

Le plus connu des deniers auxerrois est celui à la légende +AVTSIODERCI avec trois besants au revers :
A/ : + AVTSIODERCI, croix auxerroise
R/ : anépigraphe, croix auxerroise dans un grènetis, trois besants entre deux grènetis
Diamètre : 21 mm ; Poids : 1,31 g

Mais , il existe de nombreuses variétés de ce type de deniers et notamment en fonction du nombre de besants au revers qui vont de leur absence totale à 4. Découvrons-les !
1. Sans besant :
A/ : + AVTSIODERCI, croix auxerroise
R/ : anépigraphe, croix auxerroise dans un grènetis, aucun besant entre les deux grènetis
Diamètre : 21,7 mm ; Poids : 1, 35 g (collection privée)

2. Un seul besant :

A/ : + AVTSIODERCI, croix auxerroise
R/ : anépigraphe, croix auxerroise dans un grènetis, un besants entre deux grènetis
Diamètre : 20 mm ; Poids : 1,49 g (Vente CGB du 28-01-2010, vso42 n°565)

3. deux besants :

A/ : + AVTSIODERCI, croix auxerroise
R/ : anépigraphe, croix auxerroise dans un grènetis, deux besants entre deux grènetis
Diamètre : 19,5 mm ; Poids : 1,39 g (exemplaire des Musées de Sens)

4. Trois besants, nous en avons vu ci-dessus un exemple.
5. Quatre besants :
A/ : + AVTSIODERCI, croix en rosace
R/ : anépigraphe, croix en rosace dans un grènetis, quatre besants entre deux grènetis
Diamètre : 20 mm ; Poids : 1,01 g (Exemplaire des Musées de Sens)

La question se pose de savoir si ces variétés ont été voulues ce qui permettraient de différencier diverses émissions, ou bien s’il s’agit de défauts soit de gravure (oubli ou besant surnuméraire), soit de coins plus ou moins bouchés. A l’heure actuelle, il est difficile de trancher mais peut-être est-ce un mélange des trois suppositions.